Traduction
en amateur
des premières pages du livre
Rock Progressivo Italiano: An introduction to Italian Progressive Rock
Rock Progressivo Italiano: An introduction to Italian Progressive Rock
Les origines du Rock Progressif Italien
En
Italie, à la fin des années soixante, outre les classiques chansons
mélodiques italiennes, était en vogue un nouveau genre de musique
"dérivé", le Beat Italien,
un genre où on utilisait des reprises de chansons célèbres à
l'étranger. C'était une version italienne du genre musical anglais
appelé "Mersey Beat", à ne pas confondre avec la Beat
Generation qui est au contraire un
phénomène tout américain. En Italie, "beat" est synonyme
des chansons insouciantes et simples, avec des harmonies vocales
claires sur des rythmes battantes
conçus pour danser, des chansons dans leur façon révolutionnaires,
inspirées par les Beatles, les Rolling Stones, les Yardbirds, les
Animals ou les Hollies. Prendre l'inspiration ici signifie produire
des covers,
c'est à dire transposer des chansons étrangères en italien pour en
faire des nouvelles tubes (1). En vérité, le phénomène des cover
versions, le remake d'une chanson avec
des paroles traduites en italien, a des racines profondes. Il remonte
aux années 30, une époque où en Italie on avait interdit
l'utilisation des langues étrangères (2). Pour éviter cet obstacle
et avoir la possibilité de jouer les grands succès américains en
public, ont avait commencé donc à réécrire les paroles en italien
et de cette façon de nombreux classiques du jazz et du swing avaient
été introduites au public italien. La pratique, qui avec le temps
s'était consolidée, avait continué pendant les années 40 et au
cours de la décennie suivante, même si les langues étrangères
n'étaient plus interdites et les chansons américaines et
britanniques pouvaient être joués librement. Les reprises avaient
de nombreux avantages: ils permettaient aux musiciens d’interpréter
des chansons qui avaient déjà prouvé leur potentiel commercial et
permettaient aux orchestres qui jouaient dans les salles de danse
d'expandre considérablement leur répertoire. Pendant les années 50
on registre une augmentation significative de ce phénomène et à
l'arrivée du rock'n'roll
le nouveau genre avait été exploité tout de suite par des jeunes
chanteurs, comme Adriano Celentano, qui proposaient les tubes
américaines et britanniques avec de nouvelles paroles en langue
italienne. Mais c'est dans les années 60, avec l'avènement du beat,
que le phénomène avait vraiment explosé.
Franz Di Cioccio |
A cette époque, ce
n'était pas facile de trouver les nouveaux disques de groupes
britanniques, puisque l'Italie était encore considéré comme un
marché secondaire et seulement quelques enregistrements avait pu
traverser la Manche (3). Franz Di
Cioccio, batteur de la Premiata
Forneria Marconi: - Le "beat"
italien était aussi un phénomène d'émulation, souvent plus
concentré sur l'aspect extérieur que sur la musique. Si vous prenez
un disque et vous le copiez comme il est, c'est ne pas comme être
les Troggs ou les Traffic ou les Yardbirds qui ont eu dans leur
formation trois des plus grands guitaristes de l'histoire du rock
(Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page). Ils écrivaient leurs pièces
et ils ont su façonner leur son. Dans notre pays, ce phénomène
était typiquement italien. La chanson italienne prend tout et le
phagocytes, c'est un classique. Quand un phénomène devient un
phénomène il est incorporé, il est exploité à la fois sur le
plan économique et d'un point de vue social et tout devient édulcoré
et dilué. Une fois que vous avez mis la main sur le phénomène et
que vous l'avez exploité, vous tournez votre attention à autre
chose. Les musiciens qui croyaient en leur musique ont continué
tandis que d'autres qui étaient convaincus qu'ils pouvaient
continuer leur carrière en changeant juste un peu et travailler sans
effort ont dû
s’arrêter (4).
Beaucoup
de groupes de Rock Progressif Italien de la première vague ont
commencé leur carrière en tant que beat
bands, bien que parfois avec des noms
différents, comme, par exemple, Le Orme, Premiata Forneria Marconi
(I Quelli), Banco del Mutuo Soccorso, I New Trolls, Delirium (I
Sagittari), I Giganti, Metamorfosi (Frammenti), Il Balletto di
Bronzo, I Califfi, I Dik Dik et beaucoup d'autres. Le monde de la
musique Pop
à cette époque en Italie était complètement distincte du monde de
la culture musicale.
Il n'y avait pas d'écoles de "musique moderne" et la
formation des musiciens était principalement d’orientement
classique. Ivano Fossati,
chanteur et multi instrumentiste de Delirium: - Dans
les années soixante, il n'y avait que les "assassins" avec
des guitares électriques et ceux qui avaient étudié au
Conservatoire. Deux mondes irréconciliables(5). Ensuite, les porte-drapeaux des nouveaux sons du rock progressif
sont venus de Grande-Bretagne (avec King Crimson, Yes, Emerson Lake &
Palmer, Genesis, Gentle Giant et Van Der Graaf Generator en première
ligne) montrant une nouvelle façon de jouer, la possibilité de
mélanger rock et musique classique en produisant des albums pleins
de sens: le rock progressif est l'idée d'une musique cultivée pour
des gens acculturés (6). Londres
était ainsi devenue un point de référence et une destination très
attrayante pour les jeunes musiciens italiens et les amateurs de
musique rock. Luciano
Regoli,
chanteur et guitariste de Raccomandata con Ricevuta di Ritorno, Il
Ritratto di Dorian Gray, Samadhi et DGM: - Dans
la petite scène romaine à la fin des années soixante, c'était
difficile d'écouter du rock anglaise puisque nous ne pouvions pas
écouter les dernières nouveautés à la radio. Puis, quand les
garçons de cette période avaient la chance de se rendre à Londres,
ils avaient pris l'habitude de ramener avec eux, entre autres choses,
des albums britanniques de groupes comme Deep Purple et Led Zeppelin,
de sorte que la petite scène romaine a commencé à s'intéresser à
ce nouveau genre de musique
(7).
Franz
Di Cioccio: -
Il n'y a pas de date précise qui marque le début de la première
vague du Rock Progressif Italien dans les années soixante-dix. Il y
avait des influences musicales qui venaient d'Angleterre, un pays
qui, traditionnellement, a toujours semé des graines importantes
pour le développement de la musique, alors que les Américains ont
toujours été mieux à trouver la clé commerciale
(8). Cependant, les critiques affirment généralement que le début
du mouvement du Rock Progressif Italien a été la publication de
l'album de le Orme Collage,
au printemps 1971 (9). Le succès commercial de cet album a aidé
d'autres groupes progressifs à obtenir plus d'attention de
l'industrie de la musique. Toni
Pagliuca, claviériste de Le Orme: -
Nous voulions mettre quelques
improvisations entre les parties chantées et nous avons dû nous
décider sur le style à suivre... Après avoir été à au festival
de l'île de Wight, c'était clair pour nous que nous ne pouvions
plus continuer à jouer les chansons habituelles avec tout simplement
des vers et des refrains (10). L'album
de Le Orme avait eu un succès extraordinaire et inattendu et
immédiatement beaucoup d'autres groupes avaient suivi leur exemple
avec d'autres albums dans le même style, comme Premiata Forneria
Marconi, I New Trolls, Delirium, Osanna ou Banco del Mutuo Soccorso.
Vittorio Nocenzi,
claviériste de Banco del Mutuo Soccorso: - Le
projet du Banco del Mutuo Soccorso est né quand j'avais seulement
dix-huit ans, avec la première formation et la volonté de trouver
un pont entre la génération Beat et la nécessité d'une nouvelle
synthèse musicale sur les chemins de la musique classique que je
l'avais déjà parcouru ... (11).
L’âge
d'or du Rock Progressif Italien allait commencer. Gianni
Leone, claviériste et chanteur de
Balletto di Bronzo Il: - En Italie, ils
ont commencé à parler de rock progressif au cours d'un festival pop
à Novate, près de Milan. Je me souviens de la rencontre avec Banco
del Mutuo Soccorso, Osanna, PFM, Trip, Nuova Idea, tous les groupes
les plus importants de cette période étaient là. C'était juste
après l'été 1971 et il y avait aussi les anglais de Colosseum. La
Radio Nationale (RAI) était présent avec une émission appelée
"Per voi giovani" (Pour vous les jeunes). Les émissions
radiophoniques étaient très importantes pour la diffusion de la
musique progressive. A cette époque, la radio était le principal
médias que vous aviez pour écouter de la musique nouvelle. Mais ce
n'était pas comme aujourd'hui quand dès que vous allumez la radio,
vous êtes submergés par une mer de musique de toutes sortes et
genres et vous pouvez choisir. A cette époque, il y avait certains
types de musique qu'on ne transmettait pas et s'ils trouvaient un peu
d'espace c'était tout juste dans une émission qu'on passait une
fois par semaine. Je me sentais comme le dernier des Mohicans alors
que j'écoutais toutes ces notes, cet or, ce fluide doré. C'était
le seul moyen de nous défendre des chansons mélodiques italiennes
qui dominaient la scène musicale. Il n'y avait rien d'autre. Les
radios transmettaient presque seulement de la musique très
commerciale. Donc, vous n'aviez pas d'autre choix que de régler
votre radio sur les fréquences des radios étrangères comme Radio
Luxembourg ou attendre l'après-midi du jour où vous saviez que "Per
voi giovani" ou une autre émission sporadique aurait transmis
ce genre de musique, alors réputé complètement invendable
(12)
[1]
D. ZOPPO, Premiata Forneria Marconi, 1971-2006: 35 anni di rock
immaginifico, ed. Editori Riuniti, Roma, 2006, p. 18.
[2]
G. BORGNA, Storia della canzone italiana, Mondadori, Milano, 1992, p.
106
[3]
R. IURZA, Il Beat... cos’è?, Puleio Press, Milano, 2006, p. 68
[4]
T. TARLI: Beat Italiano – dai capelloni a Bandiera Gialla, 2^ ed.,
Castelvecchi, Roma, 2007, pag. 273
[5]
M. COTTO, Di acqua e di respiro, Ivano Fossati si racconta a Massimo
Cotto, ed. Arcana, Roma, 2005, p. 13.
[6]
C. RIZZI, Progressive, ed. Giunti, coll. Atlanti Universali, Firenze,
1999, p. 6
[7]
www.ilpopolodelblues.com
[8]
G. CASIRAGHI, Anni 70 – Generazione Rock, Ed. Riuniti, Roma, 2005,
p. 41.
[9]
Pour exemple M. FORNI, Lungo le vie del prog – Storia del rock
progressivo italiano. Personaggi e opere dal 1971 al 2008, Palladino
Editore, Campobasso, 2008, p. 22-23.
[10]
G. CASIRAGHI, Anni 70 – Generazione Rock, Ed. Riuniti, Roma, 2005,
p. 128.
[11]
www.pagine70.com.
[12]
F. MIRENZI, Rock Progressivo Italiano - Vol. 2, ed. Castelvecchi,
Roma, 1997
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